Le paradoxe de la sédentarité
Vouloir bouger… et pourtant rester immobile
Nous voulons perdre du poids, retrouver une forme physique, renforcer notre vitalité. Nous savons que la sédentarité nuit à notre santé, augmente le risque de maladies chroniques, affaiblit notre moral et notre immunité. Les messages de prévention sont omniprésents, les effets positifs de l'activité physique largement prouvés.
Et pourtant... nous résistons. Nous remettons à plus tard. Nous trouvons mille excuses : pas le temps, trop fatigué, pas le bon moment. Ou bien nous cherchons la solution miracle : une méthode rapide, une application, un accessoire qui nous promettra un résultat spectaculaire avec un minimum d’effort. Cette quête de facilité révèle une tension profonde entre ce que nous savons intellectuellement – les bénéfices du mouvement – et ce que nous ressentons – une forme de réticence à l’effort.
Il ne s’agit donc pas d’un simple manque de volonté, mais d’un mécanisme plus profond : une lutte intérieure entre la conscience de ce qui nous ferait du bien et une programmation biologique qui nous pousse à l’économie d’énergie.
Une économie d’énergie instinctive
Notre cerveau est programmé pour économiser de l’énergie. C’est un réflexe de survie inscrit dans notre évolution biologique. À l’époque où la nourriture était rare et les dangers omniprésents, éviter les dépenses inutiles permettait d’augmenter les chances de survie. Pas étonnant, donc, que notre cerveau perçoive spontanément l’effort comme une menace ou une dépense inutile.
Des recherches menées en France par le professeur François Carré, cardiologue au CHU de Rennes et membre de l’Observatoire national de l’activité physique et de la sédentarité (ONAPS), ou encore par l’INSERM, montrent que cette tendance naturelle est aujourd’hui fortement amplifiée par nos modes de vie modernes. Tout est conçu pour nous simplifier la vie, jusqu’à l’extrême. Le moindre effort devient optionnel.
Il est devenu culturellement acceptable – voire valorisé – de ne pas bouger. Cette valorisation implicite est renforcée par dans une tradition intellectuelle ancrée en France, héritée de la pensée cartésienne, qui a longtemps opposé le corps et l’esprit. Le savoir abstrait, la maîtrise de la pensée, la performance mentale ont été érigés en modèles de réussite, reléguant le corps et ses expressions – notamment l’effort physique – à un rang inférieur.
Ce que la société moderne amplifie
Des slogans promettent de “perdre du poids sans bouger”, des objets connectés nous “soulagent” de bouger à notre place, et les algorithmes nous retiennent dans des boucles d’attention sans fin. La culture du "zéro effort" est partout : elle nous vend du gain sans exigence, de la performance sans sueur, du résultat sans implication. Et soyons honnêtes, cette promesse est tentante.
Combien d’entre nous se disent, en fin de journée, qu'ils bougeront demain ? Que ce n’est pas le bon moment ? Que ce sera plus simple quand il fera beau, ou quand la journée sera moins chargée ? La procrastination du mouvement prend mille visages, toujours justifiables, toujours défendables — mais au fond, elle illustre cette force d’inertie qui nous habite tous.
Or, c’est souvent après l’effort que l’on se sent le plus aligné, le plus vivant, le plus fier. Ce moment de satisfaction post-effort marque un retour à soi, une victoire sur l’inertie, une preuve discrète mais puissante de notre capacité à agir.
« J’y pense très fort…
ça compte, non ? »
Des freins émotionnels… et sensoriels
À cette résistance naturelle s’ajoutent souvent des blessures anciennes. L’effort physique, loin d’être neutre, peut réveiller des souvenirs douloureux : moqueries pendant les cours d’EPS, compétitions mal vécues, remarques humiliantes sur le corps, injonctions parentales. Ces expériences, marquées par la honte ou la peur du jugement, laissent des traces profondes.
Le neurologue Antonio Damasio parle de marqueurs somatiques : des empreintes émotionnelles ancrées dans le corps, qui influencent nos décisions et nos évitements. Ainsi, bien des adultes évitent inconsciemment l’effort pour ne pas raviver une souffrance ancienne.
À cela s’ajoute une crainte plus immédiate : celle d’avoir mal. Lorsque les muscles sont remis en mouvement après une longue période d’inactivité, les sensations peuvent être raides, inconfortables, voire douloureuses — surtout lorsque l’effort est pratiqué sans attention aux ressentis. Cette gêne corporelle, bien que normale et transitoire, peut suffire à décourager. Pourtant, elle traduit simplement le réveil d’un corps longtemps laissé au repos.
Et pourtant …
Quand nous bougeons, notre cerveau s’active pleinement. À chaque mouvement soutenu, il libère des neurotransmetteurs clés : dopamine, sérotonine, endorphines. Ces substances, souvent appelées "molécules du bonheur", jouent un rôle majeur dans la régulation de l’humeur, du stress et du sommeil, mais aussi dans la mémoire et la concentration.
L’étude française "Active Brain" (INSERM, Université de Caen, 2020) a montré que l’activité physique améliore les fonctions cognitives chez les adolescents. Chez les adultes, les bénéfices sont comparables. Bouger ne fait pas que du bien au corps : cela soutient aussi la lucidité mentale, l’énergie globale et l’estime de soi.
Et si on changeait notre regard ?
Changer notre manière de voir l'effort commence par remettre au centre le sens de nos actions. Car c’est bien le sens qui alimente la motivation durable. Lorsqu’on agit en lien avec ce qui nous importe – santé, énergie, autonomie – l’effort n’est plus une contrainte, mais un engagement personnel.
Et si, au lieu de dire "je dois faire du sport", on se disait :
“Je sais pourquoi je fais cette séance aujourd’hui — me muscler pour perdre du poids, retrouver de l’énergie, m’apaiser…”
“Je me reconnecte à ce qui compte pour moi — retrouver une mobilité perdue, prévenir une douleur chronique, retrouver de la confiance en moi”
“Chaque séance est une manière tangible d’alimenter ce qui me tient à cœur dans la vie — jouer plus longtemps avec mes enfants, retrouver mon souffle, me sentir fière en montant un escalier sans fatigue.”
Changer de langage, c’est déjà changer de posture. C’est aussi, et surtout, changer de perspective : passer d’un effort subi à un effort choisi, nourri par un objectif personnel et aligné avec nos valeurs.
Ce n’est souvent pas l’effort qui nous freine, mais ce que nous en anticipons : douleur, contrainte, échec. Comprendre les forces qui nous poussent à la sédentarité – biologiques, culturelles, émotionnelles – permet de les reconnaître et de les dépasser.
Remettre du sens dans chaque geste, chaque mouvement, c’est redonner à l’effort une valeur juste : celle d’un soutien, d’un élan, d’un outil pour vivre mieux. Et cela commence souvent par un engagement, à sa mesure, qui ouvre la voie à une dynamique durable.
Juliane Leclair
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